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Mardi 20 Septembre 2005, Communiqué N°11
Troisième étape Perros-Guirec - Camaret :
Nuit blanche - sans vent et sans sommeil - à l'horizon
Place à la nocturne et à l'étape phare du 5è Tour de Bretagne à la Voile entre Perros-Guirec et Camaret. C'est de nuit que les 76 marins sur les rangs vont en découdre sur le parcours le plus long de cette édition, entre la côte de granit rose et la presqu'île de Crozon. Au programme : près de 85 milles au dédale des hauts lieux - l'Ile de Batz, les Abers, le Four... on en passe - qui donnent à la pointe de Bretagne toute sa saveur iodée. Seule ombre au tableau : c'est encore avec un cruel et persistant manque de vent que les équipages vont composer cette partition tactique et à haut risque sur fond de courants survoltés. Voilà qui augure une nuit blanche et électrique à plusieurs titres. Le départ doit être donné en début de soirée - avant la tombée de la nuit - sur les coups de 19h40 ...
Il préfère en rire. Loïc Ponceau, le président du Comité de Course, n'a pas fini de demander à tous ceux qu'il croise : " Tu ne vends pas du vent ? " Ras-le-bol d' Eole qui peine à accorder ses faveurs aux 38 duos en lice, condamnés à prier les dieux du ciel de leur accorder un peu d'air. En ce mardi après-midi, à Perros-Guirec, tous ont beau faire appel à tous les fichiers de la planète météo, ils sont unanimes et presque sans appel : le vent sera cette nuit dans les bras de Morphée. Endormi dans un profond sommeil. " 5 nœuds fichier tout au plus de sud-est qui peuvent être perturbés par le vent-courant. Il peut y avoir des rotations, comme plus de vent du tout par moment ", commente fébrilement Erwan Tabarly. Son acolyte sur Thales, Nicolas Bérenger, renchérit : " ce n'est pas glorieux, le vent fera la girouette dans tous les sens ". Et ce n'est pas la couche nuageuse qui a pris ses quartiers dans le ciel breton qui va leur apporter l'espoir d'attraper un peu de brise de mer. La misère !
" Il suffit de 5 nœuds de vent "
Loïc Ponceau pourtant préfère y croire : " Je n'ai pas envie de faire une étape au moteur. Et je n'ai pas envie d'hypothéquer sur des fichiers de la pétole. Après tout, il suffit de 5 nœuds de vent pour que les équipages soient les rois du pétrole ", ironise-t-il. Plus sérieusement, il mise sur le petit souffle d'air qui rafraîchit et grise la côte de granit rose pour espérer donner le départ de cette étape de nuit. Qui plus est, les 38 Figaro Bénéteau doivent s'élancer avec le courant favorable. Tout l'enjeu sera alors de tailler la route, vaille que vaille, avant que la renverse ne vienne semer la zizanie et contraigne les duos à mouiller pour ne pas reculer. " Avec le jus qu'il y a par ici, on peut espérer avancer. Il s'agira ensuite de choisir le bon moment et le bon endroit pour sortir le grappin. Il ne faudra pas être trop au large ", détaille Thierry Chabagny, bien dans le coup depuis le début du Tour à bord de Lèbre-FMI. " Cette configuration d'étape, cela pourrait ressembler à la Solitaire, sauf que cet été, on a eu du vent. De la brise en été et des petits airs sur le Tour de Bretagne, il n'y a plus de saisons ! Dans ces conditions, ce n'est plus vraiment de la régate. C'est l'aventure... ", poursuit-il.
Reste ensuite que si ce parcours, long sur le papier de 83 milles, promet de traîner en longueur, il a été aussi imaginé et dessiné pour pouvoir être écourté à " la Grande Basse de Portsall ", comme à la " Valbelle " dans le nord-ouest du Cross Corsen. En plein chenal du Four, cette troisième étape s'annonce chaude, chaude... Que le veilleur gagne !
L.F.
Les échos de Perros-Guirec
Marie Tabarly, bizuth à bord de Roxy
Marie, la fille d'Eric Tabarly, fait à l'occasion du Tour de Bretagne son entrée sur le circuit Figaro. Pour cette course en double, elle est accompagnée de Morgane Gautier, la nièce d'un certain Alain. Comme quoi la famille des marins est grande ! Les deux jeunes navigatrices essuient ici, aux détours de la Bretagne, les plâtres de leurs premières régates au beau milieu des plus intégristes des figaristes. Loin d'être une mince affaire ! Qu'elles nous pardonnent donc de les avoir omis dans le classement bizuth. Rendons aux filles de Roxy ce qui leur appartient : une première participation avec son lot de hauts et de bas. Voilà qui porte donc à 19 le nombre d'équipages engagés pour leur tout premier Tour. " C'est bien de commencer par le Tour de Bretagne, c'est une épreuve majeure du circuit, confie Marie qui se prépare aussi à goûter aux joies du solo sur la prochaine Route du Ponant (à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, début octobre). J'ai pris en main le bateau depuis quatre mois. Cet été, je me suis entraînée avec Karine Fauconnier. Je suis encore en plein apprentissage. Pour l'instant, on a vraiment eu des étapes difficiles. Je suis plus à l'aise dans la baston. Dans la pétole, je perds facilement mon calme. D'autant que là, il faut faire avec des Figaristes, qui ont cette particularité de savoir créer leur propre vent ! C'est tout un art. Ils gagnent ces micros nœuds de vitesse qui permettent de faire la différence. A bord, je barre et Morgane s'occupe du reste. C'est dur parfois pour le moral de naviguer aux côtés de tous les autres, tous ces Morvan, Beyou... pfffou ! Mais depuis le début on progresse, on n'a pas le sentiment d'être ridicules. On garde surtout l'espoir et l'envie d'en laisser quelques-uns derrière... "
De Broc, le co-skipper de choc de Team 117
Gaël Bigot ne boude pas son plaisir de faire équipe avec Bertrand de Broc. Le loup de mer breton aux côtés du jeune régatier vendéen, l'association étonne... et fonctionne. " J'ai loué le bateau de Bertrand pour disputer la Solitaire et à ce moment-là je lui avais demandé de disputer avec moi les épreuves en double ", explique Gaël. On ne s'est pas beaucoup entraîné, mais on doit cumuler 140 milles de navigation commune : ce qui est déjà pas mal. L'essentiel est qu'on s'améliore de jour en jour. On a commencé 28è et hier on fait 7è... ", renchérit Bertrand. Ensemble et synchros : " Et ce n'est pas fini !"
Gaël revient sur cette association : " c'est génial. Je suis très impressionné. Bertrand a forcément plus confiance en lui, alors je lui confie volontiers la barre pour les départs. Il prend des risques, même parfois trop (rires) ! Il est redoutable en sensations et se met la pression, t'imagines pas ! C'est une autre approche de la voile... c'est grand ! En tout cas, c'est très bénéfique de naviguer à ses côtés. Cela m'apporte de la confiance, le fait d'y croire et qu'il faille se battre jusqu'au bout... "
Kito de Pavant (court avec Bruno Jourdren sur D'Aucy) : " La côte bretonne est plutôt jolie ... Plus sérieusement, je ne suis pas très optimiste sur les conditions de la nuit prochaine. Le vent sera très aléatoire, il y aura énormément de courant, ce sera très difficile mais Nono connaît bien le coin, alors je vais tirer sur les ficelles et lui fera le reste ! C'est aussi une région où l'on trouve énormément d'algues. Nous avons deux safrans et une quille ... trois chances de les attraper ! En tout cas nous ne sommes pas partis pour dormir. C'est dommage de ne pas avoir de conditions plus toniques et d'avoir ces conditions tordues, on n'a jamais ça chez nous en Méditerranée !!! "
Liz Wardley et Ryan Parkin, bizuths (Sojasun) : " Ce sera très long et ce sera une étape plutôt difficile parce qu'il n'y a pas trop de vent ...Tout ce qui est à faire à bord nous le partageons et nous allons tout faire pour faire marcher le bateau vite ! Nous avons fait une grasse matinée aujourd'hui alors nous n'avons pas besoin de dormir cette nuit, nous sommes en forme ! "
Alexis Loison (court avec Alexandre Toulorge sur Bandit Manchot) : " C'est une belle régate avec un super niveau. J'ai déjà navigué sur le Figaro 1. Sur le Figaro 2, j'ai navigué au National Equipage en 2004. Ca va être mou la nuit prochaine. Va t'on aller jusqu'au bout ? Nous avons pris un mouillage. Avec les gros coefficients, ça va être très difficile, il ne faudra pas dormir du tout et avance coûte que coûte sur la route ... "
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